10 Feb

Le « delire cosmique » de Melenchon peut-il freiner l’obsolescence programmee des meetings ?

Le « delire cosmique » de Melenchon peut-il freiner l’obsolescence programmee des meetings ?

Presente comme « immersif et olfactif », le dernier meeting de Jean-Luc Melenchon, qui s’est tenu le 16 janvier dernier a Nantes, a prouve une nouvelle fois la capacite du leader en France insoumise (FI) a avoir un coup d’avance sur ses concurrents dans la mise en spectacle de sa campagne.

Mais le deploiement de dispositifs technologiques n’est-il jamais finalement contre-productif ?

Ce pourrait etre le dernier transhumaniste a Notre mode en haute conference TED. Debout au c?ur d’une foule, il designe une planete, qui se deploie dans un somptueux panorama a 360 degres au milieu de notre galaxie. Notre spectacle est enchanteur, les etoiles semblent penetrer la salle. On voudrait jouir eternellement « du silence eternel des espaces infinis » mais le tribun laisse peu de place a toute forme de meditation pascalienne. Il nous parle de Gutenberg, de Gagarine, de l’espace au-dela des biotopes, celui que nous avait predit des le XVIe siecle le dominicain Giordano Bruno. Cet espace depuis lequel nous pourrions, enfin, embrasser notre humaine condition, par-dela l’ensemble des cases identitaires dans lesquelles « d’autres » (suivez mon regard) souhaiteraient nous enfermer.

Cet homme, c’est le candidat de la France Insoumise a l’election presidentielle 2022, Jean-Luc Melenchon, au cours du meeting « immersif et olfactif » organise par ses equipes de campagnes a Nantes, le 16 janvier janvier soir. Je n’y etais nullement, je ne peux donc malheureusement nullement vous penser, chers lecteurs, quelle odeur a l’espace (et pourtant, il semblerait qu’il en ait une ! ), mais j’ai fera partie des plusieurs dizaines de milliers d’individus rivees devant la retransmission en direct de l’evenement dans YouTube.

Vous devez reconnaitre a Jean-Luc Melenchon un certain art de la mise en scene, et une capacite assez impressionnante a faire evoluer celui-ci aux gre des evolutions technologiques. Peut-etre avez-vous bien en memoire, comme moi, nos faux hologrammes ayant permis, en avril 2017, au candidat d’organiser 1 meeting simultanement au sein d’ sept villes diverses. Autres temps, autres m?urs : 5 annees prochainement , les hologrammes seront un peu old school, alors place a l’odorama et a la technologie ScreenX. Une technologie un tantinet foireuse – on sent d’ailleurs le candidat legerement depasse avec le dispositif cosmico-immersif dans lequel c’est plonge mais, je trouve, il convient lui reconnaitre le merite de tenter d’innover. Et surtout, de continuer d’y croire.

Est-ce que l’effort tech paie ?

Mais de croire en quoi, exactement ? A l’effort de campagne. Eh oui, cette notion qui ne parait pas avoir survecu a la pandemie ou a J’ai deliquescence de une personnel politique (les deux options se tiennent). « Ils paraissent rares dans ce cas », me confiait recemment le journaliste et essayiste Laurent-David Samama (qui collabore regulierement a Usbek & Rica) au cadre de notre conversation WhatsApp “Call Pol”. Melenchon et ses equipes, je peux en temoigner, croient fort fort aux dynamiques, au retournement de l’opinion grace a toutes les meetings ».

Mais est-ce que l’effort paie ? C’est la question que je ne pouvais m’empecher de me poser en regardant ce meeting. Et j’ai compris ce qui n’allait jamais justement : je regardais le meeting, je ne l’ecoutais pas. Tout au plus etais-je vaguement amusee par l’immersion proposee, prise malgre moi dans une mecanique d’entertainment face a votre gadgetisation high tech d’une campagne. J’ecris pourtant Afin de un media prospectif, je constitue donc – au moins sur le papier – Notre cible ideale face a ce type de dispositif. J’aurais d’ailleurs meme pu titrer votre edito : « Enfin, le turfu s’invite dans la campagne ! » Et pourtant, j’ai ete bien plus emue avec le chant feministe inaugurant le « spectacle » que avec les dispositifs immersifs spectaculaires scandant le discours de Jean-Luc Melenchon. Bref, via un simple filet de voix, terriblement humain, deroulant Notre misere d’la condition feminine.

Quelques heures apres, mes fri?res ex-trotskiste (aparte : avez-vous remarque qu’il n’y a plus que des « ex » chez les trotskistes ?) me contait avec melancolie des meetings de Lutte Ouvriere ou du NPA auxquels il avait pu participer. « Cela y avait votre style fascinant », me disait-il : on etait en 2017–2018, mais ils chantaient l’Internationale, a capella, a J’ai fin de chaque meeting. Comme 1 seul homme, toute la salle d’une Mutualite se levait et chantait ca a beaucoup poumon. J’avais l’impression d’etre en 1968. Les mecs y croyaient. Ils s’accrochaient. Au moment oi? tu ressortais du meeting apres ce moment-la, il y avait quelque chose qui s’etait service. Une manii?re d’emulation qu’on ne retrouvera jamais au milieu des meetings diffuses sur YouTube ou i  propos des chaines d’info. »

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